Pas très connu mais assez courant, le muguet buccal a le chic pour débarquer sans prévenir, surtout chez les nourrissons, les personnes âgées ou les personnes fatiguées ou dont le système immunitaire est affaibli. Derrière son nom presque sympatique, il cache une infection fongique gênante, voire inquiétante si elle n’est pas traitée rapidement : langue blanche, picotements, gêne en mangeant… rien de très grave la plupart du temps, mais assez désagréable pour vouloir s’en débarrasser rapidement.
D’où ça vient, comment ça se soigne, et surtout comment s’en débarrasser durablement ? Vous trouverez ici l’essentiel pour mieux comprendre cette infection et la gérer au quotidien, sans stress inutile.
Qu’est-ce que le muguet buccal ?
Le muguet buccal, ou candidose orale, est une infection fongique causée par la prolifération anormale d’un champignon appelé Candida albicans. Ce champignon est naturellement présent dans la bouche, mais il peut devenir pathogène si l’équilibre naturel de la flore buccale est perturbé.
Lorsqu’il se développe de manière excessive, Candida albicans forme des plaques blanchâtres caractéristiques à l’intérieur de la bouche. Ces plaques peuvent s’étendre à la langue, au palais, aux gencives, à l’intérieur des joues, et parfois jusqu’à la gorge.
Bien que le muguet buccal soit généralement bénin, il peut être le signe d’une faiblesse du système immunitaire ou d’autres problèmes de santé sous-jacents, notamment chez l’adulte.
Ce qui favorise l’apparition du muguet buccal ?
Plusieurs facteurs peuvent favoriser le développement du muguet buccal. Parmi eux :
1. Affaiblissement du système immunitaire
Le système immunitaire joue un rôle clé dans le contrôle de la flore microbienne. Lorsqu’il est affaibli, par exemple en cas de :
VIH/Sida
Cancer ou traitement par chimiothérapie
Diabète mal équilibré
Transplantation d’organe nécessitant des traitements immunosuppresseurs
…le risque de développer un muguet buccal augmente fortement.
2. Prise de certains médicaments
Certains médicaments peuvent perturber l’équilibre de la flore buccale :
Antibiotiques à large spectre : ils éliminent de nombreuses bactéries protectrices, laissant la voie libre aux champignons.
Corticostéroïdes : notamment inhalés pour l’asthme, surtout s’ils sont utilisés sans rinçage de la bouche après inhalation.
Chimiothérapies : qui affaiblissent les défenses immunitaires.
3. Mauvaise hygiène bucco-dentaire
Même si ça parait évident pour garder une bouche saine, un brossage insuffisant des dents ou des appareils dentaires mal nettoyés favorisent l’accumulation de Candida albicans.
4. Port de prothèses dentaires
Les porteurs de prothèses, notamment s’ils dorment avec leur appareil ou le nettoient mal, sont particulièrement exposés au muguet buccal.
5. Facteurs hormonaux
Les femmes enceintes, en raison des modifications hormonales, présentent parfois un terrain plus favorable à la candidose orale.
6. Alimentation et mode de vie
Une alimentation riche en sucres, la consommation excessive d’alcool, ou encore le tabagisme sont autant de facteurs qui augmentent le risque de muguet.

Comment reconnaître un muguet buccal ?
Le muguet buccal se manifeste par des symptômes caractéristiques, bien que leur intensité puisse varier selon les individus.
1. Plaques blanches ou crémeuses
Le signe le plus typique est l’apparition de plaques blanches ou légèrement jaunâtres :
Sur la langue, l’intérieur des joues, les gencives, le palais ou la gorge.
Les plaques peuvent ressembler à du lait caillé.
En tentant de les enlever, on expose une zone rougeâtre, parfois légèrement saignante.
2. Sensations de gêne et douleurs
Le muguet peut entraîner :
Une sensation de brûlure dans la bouche.
Des douleurs lors de l’alimentation ou de la déglutition.
Un goût métallique ou désagréable dans la bouche.
3. Sécheresse buccale
Une sensation de bouche sèche est fréquemment associée, compliquant encore la mastication et la parole.
4. Altération du goût
Certaines personnes peuvent ressentir une diminution ou une altération de leur goût habituel.
5. Symptômes chez les nourrissons
Chez le bébé, le muguet buccal peut provoquer des difficultés à téter, de l’irritabilité, et parfois une perte d’appétit.
Le diagnostic du muguet buccal, en pratique ?
Le diagnostic est généralement clinique : une simple observation des lésions buccales par un médecin ou un dentiste suffit à identifier la candidose orale.
Dans certains cas douteux ou sévères, des examens complémentaires peuvent être réalisés :
Prélèvement des lésions pour mise en culture.
Recherche d’une cause sous-jacente (bilan sanguin pour un diabète par exemple).
Soigner un muguet buccal : quelles solutions ?
Le traitement vise à éliminer la prolifération fongique tout en corrigeant les facteurs favorisant l’infection.
1. Traitements antifongiques
Antifongiques locaux : sous forme de gels, pastilles ou bains de bouche (ex. : miconazole, nystatine).
Antifongiques oraux : en cas d’échec du traitement local ou de candidose étendue, un traitement par comprimé (fluconazole, itraconazole) peut être prescrit.
Le traitement dure généralement de 7 à 14 jours.
2. Soins bucco-dentaires renforcés
Brossage des dents après chaque repas avec une brosse souple.
Nettoyage rigoureux des prothèses dentaires.
Rinçage de la bouche après utilisation de sprays ou inhalateurs à base de corticoïdes.
3. Prise en charge des facteurs favorisants
Adapter ou réduire la prise de médicaments favorisant la candidose, si possible.
Traiter un diabète déséquilibré.
Arrêter le tabac et limiter l’alcool.
Les risques si le muguet n’est pas traité
Le muguet buccal est en général bénin, mais certaines complications peuvent survenir :
Extension de l’infection vers l’œsophage (candidose œsophagienne), causant des douleurs thoraciques et des troubles de la déglutition.
Infections fongiques généralisées chez les personnes immunodéprimées.
Une candidose buccale persistante ou récidivante nécessite toujours une recherche de cause sous-jacente.
Les bons réflexes pour éviter les récidives
Quelques gestes simples peuvent fortement réduire le risque de développer un muguet buccal :
Hygiène bucco-dentaire impeccable
Se brosser les dents au moins deux fois par jour.
Nettoyer soigneusement les prothèses dentaires tous les jours et les retirer la nuit.
Utiliser un bain de bouche antiseptique si recommandé.
Rincer la bouche après certains traitements
Toujours se rincer la bouche après l’inhalation de corticoïdes pour l’asthme.
Réduire les facteurs de risque
Modérer la consommation de sucre et d’alcool.
Arrêter de fumer.
Surveillance des populations à risque
Surveillance attentive des bébés, personnes âgées, patients sous chimiothérapie ou immunodéprimés.
En résumé, le muguet buccal n’est peut-être pas dangereux dans la majorité des cas, mais il mérite qu’on lui accorde un peu d’attention.
Un bon équilibre de vie, une hygiène buccale régulière et quelques réflexes simples suffisent souvent à le tenir à distance. Et si malgré tout il s’invite, pas de panique : il existe des solutions efficaces pour lui montrer la sortie.